Contrairement à ce qu’affirme la Communauté de Communes de Rhône Crussol, pour ALTERRE, le débat sur la déviation de Saint Péray et l’avenir de la plaine est loin d’être clos.

Cela semble être aussi le cas des plus de 1200 personnes qui ont signé la pétition contre la déviation de Saint Péray, des habitants du territoire qui ont contribué à l’enquête publique (60% des avis déposés étaient défavorables au projet), et d’une bonne partie du public qui s’est rendu au débat organisé par ALTERRE le 26 septembre 2023.

Plus de 150 personnes étaient présent.e.s ce mardi soir à St-Péray au CEP du Prieuré. Initialement invité.e.s, la Communauté de Commune n’a pas souhaité co-organiser ce débat avec l’association, car pour les élu.e.s « le débat a déjà eu lieu », et « il est de la responsabilité de la puissance publique d’organiser la concertation, pas celle d’une association d’habitant.e.s ».

La Commune a néanmoins acceptée de mettre à disposition la salle du CEP du Prieuré, et certain.e.s élu.e.s locaux et intercommunaux étaient présent.e.s au débat (notamment Jacques Dubay, Denis Dupin, Stéphane Lafage, etc.). Après un temps de présentation factuelle du projet, ALTERRE a exposé son point de vue sur ce projet. Les élu.e.s présent.e.s se sont alors manifestés pour défendre leur projet et la nécessité de cette déviation.

Alors même que le gouvernement Macron semble prêt à renoncer à plusieurs projets routiers, la Communauté de Communes souhaite poursuivre les investissements routiers sur le territoire. L’urbanisation de la plaine est prévue, dans une idéologie de croissance que la crise climatique ne remet pas en question. L’association Alterre, pour sa part, a défendu des alternatives basées sur des mobilités plus douces, notamment les transports en commun (bus, train) et le vélo. Elle a pointé le fait que la déviation ne résoudra pas les problèmes d’engorgement routier mais, tout au contraire, augmentera le trafic général sur la rive droite du Rhône. Les membres de l’association ont également présenté une autre vision de la plaine, qui s’inscrirait dans un projet d’alimentation locale et durable tout en préservant la biodiversité et en limitant l’assèchement de la région.

Les participant.e.s ont ensuite été invités à débattre en petit groupe sur ce projet, afin de recueillir une parole habitante plus fine qu’en grand groupe, « qui ne laisse la place qu’aux tribuns ».

« Nous souhaitons que cet évènement puisse aussi inspirer nos élus pour améliorer les processus de démocratie locale : une animation de qualité, qui pose un cadre équilibré facilitant la prise de parole de tout un chacun » – Sarah Barbazanges, co-présidente d’Alterre

« Nous souhaitons également que les élu.e.s puissent prendre en compte cette parole des habitant.e.s, et l’intégrer à leur réflexions des prochaines semaines. Nous considérons que changer d’avis face aux faits est une qualité intellectuelle précieuse et qu’ils/elles sortiraient grandi·es en revenant sur leur position. » – Hugo Durand, co-président d’Alterre

Synthèse des ateliers par groupe lors du débat public sur la déviation du 26 septembre 2023

10 groupes ont été formés et chacun devait établir une liste d’arguments pour et contre le projet de déviation de St Péray, ainsi que des propositions alternatives ou des questions/demandes aux élus de la Communauté de Commune de Rhône Crussol.

Un consensus apparait pour réclamer le développement d’alternatives à la voiture et pointer les manques actuels. La création de voies cyclables réellement sécurisées et agréables semble être une priorité. Pour que le bus soit une réelle solution de transport, l’amplitude des horaires et la fréquence doivent être augmentées. Le retour des trains de voyageurs et la facilitation du covoiturage sont également demandés par plusieurs groupes. Beaucoup regrettent que ces alternatives n’aient pas été réellement étudiées. Avec ces 13 millions d’euros qu’il est prévu de consacrer pour la déviation routière de Saint Péray, combien de km de pistes cyclables pourrait-on créer ? Combien de bus supplémentaires pourrait-on faire rouler ? Avec quel effet sur le trafic automobile ? La solution aux nuisances provoquées par le trafic routier ne semble pas se trouver  dans la création de nouvelles infrastructures routières. Cette déviation est perçue comme étant une solution issue d’un modèle obsolète dont les limites apparaissent aujourd’hui, au niveau global (changement climatique) mais aussi de façon encore plus flagrante au niveau local.

Les citoyen-ne-s élargissent le débat, iels soulèvent une grande diversité de thèmes, mettant en évidence les contradictions et les angles morts de la vision proposée par les élus.

L’artificialisation de terres agricoles est très clairement un problème de premier ordre qui apparaît négligé dans le projet de déviation. La baisse de production alimentaire que cela va entraîner pour le territoire est une source d’inquiétude, de même que la perte de biodiversité. Certains craignent également des perturbations hydrologiques ou encore une aggravation de l’effet des canicules.

La problématique du logement revient très fréquemment. Le manque de logements, notamment sociaux, semble évident mais est-il nécessaire de créer une déviation pour construire de nouveaux logements ? Par ailleurs, plusieurs pistes sont proposées pour mieux utiliser le bâti existant (notamment mobilisation des logements vacants, questionnements sur les résidences secondaires*). La localisation de nouveaux logements à proximité de cette nouvelle route interroge : exposition au bruit et à la pollution, alors que l’objectif affiché est d’améliorer la qualité de vie des Saint Pérolais.

Même l’efficacité de la déviation pour réduire les nuisances de la circulation est questionnée : d’une part tout le flux va être envoyé vers Cornas où la situation va donc être aggravée, d’autre part les camions qui vont de l’A7 vers le Puy continueront à emprunter le même itinéraire. Mais surtout, cette déviation fait partie du projet plus vaste de périphérique valentinois, or en raccordant St Péray à l’A7 et à la N7, ce projet engendrerait dans la Plaine une très forte augmentation du trafic et donc de la pollution.

* Les statistiques de l’INSEE comptabilisent 256 logements vacants à Saint Péray et 58 résidences secondaires. 

Résultat du débat public par table de travail